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Noir d'Encre
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25 juillet 2010

La faute d'orthographe, un péché véniel ?

Même si une faute d'orthographe est un péché véniel, une bonne relecture vous en met à l'abri.

L'orthographe, difficulté majeure de la langue française, chausse-trappe qui attend le natif comme l'étranger au détour de la moindre phrase. Un instant d'inattention et toc ! Vous êtes pris au piège du "é" au lieu de "er", des doubles lettres, des petites blagues du genre "pour quoi" au lieu de "pourquoi", "quoi que" au lieu de "quoique" et le reste.

Les plus méchants ricanent en douce et vous laissent étaler sans le savoir votre erreur aux yeux du monde, comme une énorme tache que vous auriez dans le dos. Les meilleurs vous la signalent discrètement, mais après une longue hésitation : passeront-ils pour cuistres, se seront-ils fait un ennemi mortel, ne sont-ils pas en train de désigner la paille qui est dans l'oeil de leur prochain quand la poutre est dans le leur ?

Contre ce danger qui guette tout un chacun au royaume de la langue française, un seul remède : la relecture.  Je ne fais ici que reprendre en cela le conseil que Gide donnait à tout écrivain, et qui déborde largement le simple (?) problème de l'orthographe : "Ecris si tu veux dans l'ivresse, mais relis-toi à froid". Relisez-vous donc, mais aussi FAITES-VOUS RELIRE PAR UN AUTRE. Un oeil neuf dans votre petite cuisine ne peut être que bénéfique.

Enfin si l'orthographe est la pierre de touche du bon français, il ne faut pas trop exiger des autres dans ce domaine : l'intégrisme en tout est un défaut. Je sais bien qu'en écrivant cela, j'en choque plus d'un. Cependant, qui n'a jamais été coupable d'un de ces écarts, qu'il le dise et qu'il nous jette la première pierre. Rappelons aussi que Mme de Maintenon recommandait à ses jeunes élèves de la meilleure société de n'être pas trop stricte sur ce sujet : trop parfaites, elles auraient passé pour des bas-bleus.

Il convient surtout d'être modeste. Je viens de ricaner en lisant un tarif de correction orthographique pour : "1500 caractères, espaces non comprises". On veut faire de la correction et on ne sait pas qu'espace est masculin ? Eh bien non, justement ! En matière de typographie, espace est féminin, je viens de l'apprendre. Cependant, si vous indiquez dans votre tarif "espaces non comprises", la plupart de vos lecteurs refuseront d'être vos clients. Il faudra vous justifier entre parenthèses pour ne pas perdre la confiance de moins savants que vous.

Cet exemple n'est pas le seul que j'aie rencontré. Il m'a fallu bien souvent convaincre mon client de la justesse de mes vues et de ma grammaire, malgré ses certitudes. Il m'est aussi arrivé qu'on me dise gentiment : "j'ai demandé à un ami professeur de français et il a corrigé votre texte". Vérifications faites, les "fautes" laissaient ma réputation sans grand dommage. On n'en est pas moins vexé d'avoir si peu de crédit.

Enfin je voudrais rappeler que nul n'est à l'abri du péché, en tout cas pas moi. Il n'y a pas si longtemps que j'ai envoyé un CV pour obtenir du travail de correction, avec une FAUTE. Horresco referens ! Mais comment, comment avais-je pu écrire une chose pareille ? Je n'en ai pas dormi pendant deux jours. "Différente manifestations" me reste à jamais sur l'estomac. Je jure que jamais, plus jamais je ne publierai un texte qui n'a pas été relu, même dans l'extrême urgence.

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Commentaires
J
Quel excellent billet. Le troisième paragraphe est plein de vérité et sent le vécu ! <br /> <br /> Je me souviens des affres que j’ai connues quand je me suis aperçu que j’avais écrit « Attention aux fautes d’ortographe » (au lieu « d’orthographe ») dans la marge d’une copie d’étudiant. Trop tard, la copie avait été rendue, mais ma honte est demeurée. La leçon a bien été retenue : lire et relire et relire encore !! <br /> <br /> J’ai connu EXACTEMENT le même dilemme avec « espace », féminin en typographie. Fallait-il que j’ajoute un (sic) après « une » dans « une espace » pour bien signifier qu’il ne s’agissait pas d’une faute de ma part ? Même réflexion avec les changements « officiels » d’orthographe de certains termes : va-t-on passer, à tort, pour un ignorant si on les applique comme il se doit ? Quant à la féminisation de certains termes, c’est un vrai casse-tête : doit-on conserver « auteur » au féminin, ou préférer maintenant « auteur » ou « autrice » ?? <br /> <br /> Relisant mes propres traductions, les modifiant sans cesse, je ne suis jamais satisfait, mais il faut bien cesser de remanier à un certain moment et rendre le texte à l’éditeur. Je trouve bien plus facile de remanier/réécrire un texte qui n'est pas de moi. Il est très difficile de se détacher de ce qu'on écrit soi-même car on est bien trop impliqué pour avoir un regard neutre… et si difficile d’accepter avec humilité les corrections d’autrui, même si elles s’avèrent pertinentes et justifiées.
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