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Noir d'Encre
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6 mai 2011

Onomatopées, interjections et autres bruits significatifs

 

"Ah ! que vous êtes belle", soupire l’amoureux transi. Mais quand, soudain, dans l’embrasure de la porte, apparaît une silhouette inattendue, il s’exclame "Ha !" en portant la main à son cœur, comme s’il allait défaillir sous le coup de la surprise. "Ha ha !" ricane son rival, la main à l'épée, prêt à lui faire rendre gorge.

 

"Aïe !" crie la belle en suçant le doigt que l’aiguille perça. Ah qu’elle est jolie la belle, qui fait la moue et réclame un baiser !
Un baiser qui fait "smac" ? Certes non, les baisers, les vrais sont doux et silencieux. Seuls font "smac" les bises enfantines ou triviales, les "bisous" des BD et autres SMS.

 

"Bêe !", bêle le mouton de sa bête voix, quand la chèvre proteste : "Mêê !"

 

"Boum ! Quand votre cœur fait boum !" En témoigne la célèbre chanson : Trenet___Boum (merci à Georges Ménard pour la musique et pour la rectification à propos du dindon)

Et si mon cœur à moi ne faisait qu’un vague "toc, toc, toc…" comme le doigt replié qui heurte la porte avec discrétion : 
- Toc, toc, toc
- Qui est là ?
- C’est moi.
- Entrez !
- Par où ?
- Par là.
Non, mon cœur ne fait pas ce toc toc toc-là, menu et précipité, trois fois répété. Il toque doucement, un seul toc à la fois, réfléchit et retoque, prend son temps et reprend. Mais parfois il s’emballe : toc, toc, toc, toc, toc, toc… : je vous ai vu dans l’ombre et mon cœur bat si fort !

Mais revenons au boum. C’est un bruit enfantin : "Boum badaboum !" dit-on au petit en essuyant ses larmes. Mais aussi "patatras!"  tandis que boum éclate en canonnade, en explosion, en feu d’artifice. Selon les circonstances il s’écrit dans une trace flamboyante, sur une étoile rouge et noir ou bien sous une fleur de lumière qui s’ouvre dans le ciel. Si l’explosion est longue, il s’allonge "Baoum !". Courte, elle fait "bang !" Ce "bang", ou ce "bing", ou ce "bong" parlent de métal frappé et de coups.

Mais ce n’est pas le bong, ni le bing, mais bien le bang qui dans la nuit des temps créa la poussière originelle, le Big bang dont l’onde se propage infiniment à travers le cosmos.

Dans la main du petit qui joue sur le tapis la voiture fait "broum broum, tût, tût !" Et puis aussi "pouêt, pouêt !" Sur la table Maman taille une culotte pour petit Pierre : "clic, clac". Papa est sûrement en train de fumer sa pipe en lisant son journal dans un fauteuil club. Ah ! le joli tableau de famille bourgeoise bien kitsch ! Ajoutons-y, dans la pièce voisine, les "areuh" du bébé et tout ira fort bien. Hélas ! Tout s’emballe soudain. Pierre se prend les pieds dans le tapis et renverse le café sur les genoux de papa. "Clac !" fait la main de papa sur la joue du maladroit. "Ouille !" hurle l’enfant qui réveille le bébé. "Ouin, ouin !" pleure le bébé, de toute la force de ses petits poumons. "Ce n’est rien" dit avec douceur Maman qui ramasse les débris de la tasse d’une main, essuie le pantalon de papa de l’autre, berce le petit du pied droit et console Pierre du pied gauche.

"Cocorico" chante, à plein gosier, le coq sur son fumier. Mais plus à l’Est il crie "kikeriki" et plus au sud "kokodi, kokoda, kokodikoda". Et si on les mettait ensemble, est-ce qu’ils se comprendraient ? Quoi que dise le coq, la poule (la poule française !) continue "cot, cot, cot codet", non loin paon qui appelle à longueur de journée "léon, léon", tandis que glougloute le dodu dindon. Un peu plus bas la mare aux canards retentit de "coin coin" enrhumés. Plus distinguée, madame cane cancane.

"Coucou, coucou !" C’est ainsi que, du fond du jardin, tu réponds à mon appel : "Hou hou !" "Dans la forêt lointaine, on entend le hibou, du haut de son grand chêne, il répond au coucou : Hou-hou, coucou ! Hou-hou…" C’est aussi un bonjour en surprise, un signe de la main, un mot dans un mail ou sur un billet doux : "coucou, me voilà ! Coucou, je t’aime ! Coucou, je n’y suis plus…"

"Cui-cui" chantent indistinctement les petits oiseaux, même si, dans la nature, ils ont chacun leur chant spécifique. La chouette hulule, le corbeau croasse, (il fait bien croa, croa, à ne pas confondre avec la grenouille qui coasse : "coa, coa"), les moineaux et autre menu fretin pépient, le pigeon roucoule (cf. plus bas, la tourterelle dont le nom à lui seul roucoule déjà)… Et le loriot ? Ah ! Ecoutez la chanson du loriot qui s’élance en notes joyeuses et s’achève sur un accent grave, presque interrogatif ; il proteste le loriot, il proteste à journée faite et personne ne s’en soucie.

"Cric, crac" fait la clé dans la serrure. Me voilà enfermée, princesse aux nattes blondes dans sa tour d’ivoire : à l’abri ou prisonnière ? "Cric, crac." La porte s’ouvre et me voilà dehors.

La suite au prochain numéro

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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