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24 décembre 2010

Bisounours

Bisounours : nom commun, adjectif ou adverbe selon votre choix, un mot utilisé sans modération

La première fois que j'ai entendu parlé de bisounours dans une émission sérieuse, j'ai trouvé cela amusant ; ces intellectuels connus qui invoquaient un dessin animé à l'eau de rose pour qualifier (autant que je me souvienne) une politique publique, c'était touchant. La seconde fois, j'ai dressé l'oreille : Tiens ! Les revoilà ! Mais quand ma propre fille, qui n'a plus 4 ans, m'a déclaré au téléphone qu'elle était ravie de sa semaine de travail en ajoutant "c'était la semaine bisounours !", j'ai compris qu'il s'agissait d'un phénomène de société.

Marie est en effet mon baromètre langagier. C'est elle qui, la première, m'a parlé d'un "truc de ouf", quand l'expression était à peine sortie de ses banlieues d'origine pour atteindre la grande ville et même les quartiers chics. Depuis qu'elle est entrée dans l'univers impitoyable de l'entreprise, c'est elle aussi qui ne trouve plus ses mots que dans l'affreux baragouin anglais-mâtiné-cochon-d'Inde qui court les "open-space(s ?)".

J'ai fait alors ma petite enquête et je me suis rendu compte que j'étais en retard comme toujours. La métaphore bisounours était partout. Elle s'appliquait aussi bien à l'entrepreneur aimable et optimiste, au dirigeant sans autorité, à un modèle d'enseignement des Sciences économiques et sociales, au programme de Martine Aubry... J'en passe ! Mais pourquoi bisounours ? N'avait-on pas déjà "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" pour exprimer la pitié du commentateur réaliste devant l'optimisme béat (l'optimisme est toujours béat, la béatitude est même le propre de l'optimisme) de ses contemporains.

Certes, l'expression était un peu longue. Elle était cependant suffisamment universelle pour qu'on puisse se contenter d'une simple allusion : "Tout le monde il est beau". Mais le film de Jean Yanne devait être déjà trop loin des courtes mémoires et la référence, usée, ne faisait plus recette. Bisounours, c'était mieux, plus court, condensé, ça faisait image, et tout le monde connaissait (sauf moi : jamais vu) !

Va donc pour bisounours. Un mot qu'on ne peut imaginer qu'en rose !

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